Tandis que certains sortent à peine des vendanges, nous pouvons déjà parler de 2022 comme d’une année « pas comme les autres ». Entre gèle du printemps, grêle du mois de juin et sécheresse de l’été, le vignoble français n’a pas été épargné par les aléas climatiques. Toutefois, une grande majorité des vignerons s’accordent à dire que 2022 s’annonce comme une année exceptionnelle.
Après un millésime 2021 compliqué, le sourire est revenu sur le visage des viticulteurs français. Les rendements repartent à la hausse avec 44,6 millions d’hectolitres au 1er octobre (+ 18 % par rapport à 2021) et la qualité semble au rendez-vous dans toutes les régions. Il est également intéressant de noter que grâce au temps sec dont nous avons bénéficié, les maladies de la vigne furent anecdotiques voire absentes, ce qui limita le nombre de traitements. Faisons un petit tour d’horizon de ces vendanges 2022.
Bordeaux
Dans le bordelais, la qualité est au rendez-vous malgré de faibles quantités. Après avoir essuyé la grêle du mois de juin où environ 10 000 hectares furent touchés, le vignoble a également fait face au stress hydrique de cette sécheresse record. Résultat, des baies de petite taille avec peu de jus à la presse mais un millésime qualitatif et riche en perspective.
Rive gauche
Sur la rive gauche, les premiers échos de la vigne tendent à rapprocher la qualité du millésime 2022 à l’exceptionnel 2016. Les vendanges se sont réalisées dans de très bonnes conditions et étalées de fin août à début octobre en grande majorité. Au Château Pichon Comtesse, les vendanges se sont achevées le 1er octobre et les premiers commentaires de son directeur Nicolas Glumineau sont très élogieux “1ère dégustation de vins de presse Merlot. Les vins sont délicieux. Une année 2022 prometteuse. » (Source : Twitter de Pichon Comtesse)
Rive droite
Du côté de la rive droite, le discours est similaire. À Saint-Emilion, à quelques mètres de son village emblématique, nous retrouvons le Château Fonroque. Ce pionnier de la biodynamie, dont le nouveau cuvier a été inauguré en septembre dernier, s’exprime à travers Judith Barat – la responsable communication oenotourisme : « Les vendanges démarrées le 5 septembre furent très belles, grâce à un vignoble résilient et à des soins apportés aux moments opportuns, les vignes ont très peu souffert de la chaleur. Le rendement est bon et le millésime 2022 promet d’être très qualitatif ».
Nous avons eu la chance de goûter des jus qui s’avèrent plein de fruits, dotés d’une belle trame fraîche et très équilibrés, de bonne augure pour ce millésime 2022 qu’il nous tarde de déguster en Primeurs ! Il est également intéressant de noter que le merlot très présent sur la rive droite, souvent pointé du doigt quant à sa fragilité, s’est montré très résilient face aux aléas climatiques de cette année et sera bel et bien au rendez-vous de ce millésime 2022, dont les maîtres-mots pourraient se résumer par : équilibre, intensité et profondeur.
Bourgogne
En Bourgogne, cette récolte 2022 redonne du baume au cœur après une année 2021 assez catastrophique en termes de rendement. Contrairement à Bordeaux, on trouve ici à la fois la qualité et la quantité et ce malgré un vignoble hétérogène en fonction de son emplacement et de l’âge des vignes qui ont plus ou moins souffert, les jeunes vignes étant majoritairement touchées par la sécheresse.
Champagne
Après des ventes records de ses fines bulles en 2021 avec plus de 300 millions de bouteilles vendues, la région a bénéficié cette année de saisons particulièrement clémentes avec 10 % à 30 % d’ensoleillement supplémentaire. La récolte s’annonce ainsi exceptionnelle. Avec un rendement à 12 000 kilos à l’hectare (14 000 kg/ha d’après l’union des maisons de champagne), il s’agit du plus haut niveau enregistré depuis quinze ans, permettant ainsi de rétablir les stocks et les réserves.
Val de Loire
Après avoir essuyé un épisode de grêle dévastateur sur certaines parcelles notamment en Anjou et en Touraine, les régions ligériennes n’ont pas été épargnées par la sécheresse. Malgré tout, les vendanges se sont déroulées dans la sérénité. De Sancerre à la région nantaise, la récolte s’est étalée de fin août à début octobre avec de belles découvertes en perspective pour ce futur millésime notamment sur les chenins et sauvignons blancs.
Alsace
La région a battu des records de chaleur en enchaînant les journées à plus de 30 degrés avec des températures supérieures à 2003. Des records qui ont engendré une hétérogénéité quant à la maturation des raisins, mais les pluies salvatrices du mois d’août ont permis d’effectuer une récolte deux fois supérieure à celle de l’an dernier. L’acidité est présente, annonciatrice d’un millésime plein de finesse et de fraîcheur.
Pour résumer, les nombreux efforts et le travail des viticulteurs pour faire face aux caprices de dame nature semblent avoir porté leurs fruits. De fait, ces vendanges 2022 annoncent un millésime très prometteur sur tout le territoire avec des quantités plus ou moins élevées mais surtout une grande qualité en perspective. L’enjeu maintenant est de réussir à maîtriser cette concentration de sucre dont ont bénéficié les raisins afin de limiter le taux d’alcool qui pourrait se montrer élevé.
Affaire à suivre avec attention avant l’arrivée des primeurs 2022 attendue avec impatience.