Alors que les vendanges viennent de commencer en France, le millésime 2021 s’annonce d’ores et déjà historiquement faible. Au printemps dernier, les aléas climatiques ont eu un impact dévastateur et les vignobles français en payent les frais.
2021, un millésime douloureux
Des conditions climatiques capricieuses
Si Cognac et la Savoie sont les seules à être relativement épargnées, il en est tout autrement pour les autres régions viticoles françaises. Les conditions climatiques ont eu un effet dévastateur sur les vignes. En effet, le thermomètre a chuté jusqu’à – 5,5°C durant plusieurs heures en avril dernier, alors que les bourgeons étaient déjà sortis. Le cycle de la vigne n’a donc pas pu résister et les conséquences se font ressentir à l’heure des vendanges. Le Service de la Statistique et de la Prospective du ministère de l’Agriculture (SSP) a d’ailleurs été formel sur ses prévisions : aucun vignoble ne sera épargné. D’un point de vue général, ce sont les cépages précoces qui ont été directement touchés. On parle donc du chardonnay, du merlot ou encore des sauvignons, qui sont des cépages très répandus.
Cependant, le gel n’est pas le seul aléa de cette année 2021. Certaines régions, telles que l’Alsace, le Beaujolais ou encore le Jura, ont été touchées par des pluies ayant apporté une forte contamination au mildiou et à l’oïdum sur l’ensemble de leurs récoltes. Ces maladies qui touchent le feuillage et les grappes ont également été ressenties en ce printemps dernier. Moins présente mais ayant un effet tout aussi dévastateur, la sécheresse a elle aussi touché certains vignobles, notamment en Roussillon et en Corse.
La coulure et le millerandage ont aussi été présents cette année. Bien que ces phénomènes soient naturels, ils empêchent la fécondation et entraînent une chute des fleurs et des jeunes baies. Certains cépages étant plus sensibles que d’autres, cela entraîne donc une baisse de la production.
Des faits marquants
Selon les estimations de la SSP établies au 1er août 2021, la production viticole du millésime 2021 se situerait entre 32,6 et 35,6 millions d’hectolitres, ce qui correspond à un niveau inférieur de 24 à 30 % à celui de 2020. Les aléas climatiques du printemps dernier marquent l’histoire, puisque ces chiffres sont inférieurs aux millésimes 1991 et 2017 qui étaient déjà très bas suite à un printemps aux conditions climatiques sévères.
La SSP estime également un léger retard dans les vendanges suite à ces conditions climatiques. Les températures relativement basses en cette saison estivale ont en effet retardé la végétation, ce qui pousse les vignobles à entamer les vendanges plus tardivement qu’en 2020.
Des interrogations quant à la qualité
La question reste maintenant de savoir si, à défaut de quantité, la qualité sera au rendez-vous de ce millésime. Toujours selon la SSP, il est difficile de connaître les conséquences exactes avant la fin des vendanges. En Champagne par exemple, aucune situation de blocage de maturation n’a encore été observée alors que les sols sont gorgés d’eau. Il est donc important pour les vignerons d’être très attentifs à la pourriture et très vigilants lors de la cueillette. En ce qui concerne le bordelais, où les épisodes de gel et d’attaques de mildiou ont été tout aussi présents, les récoltes sont pour l’instant d’excellente qualité, avec des raisins qui restent très beaux. Pour les blancs et les rosés notamment, les faibles températures estivales ne sont pas forcément synonymes de perte, et présagent plutôt de beaux potentiels aromatiques.
De plus, il est important d’ajouter que la quantité des récoltes actuelles étant minimes, la qualité risque d’être au rendez-vous. Tout n’est donc pas perdu, au contraire. La température idéale puisqu’elle n’est pas trop chaude, et correspond à une météo idéale pour les vendanges.
Mais les vendanges, qu’est ce que c’est?
Les méthodes de vendange
Les vendanges peuvent être effectuées à la main ou bien à la machine. Bien que la récolte manuelle reste plus avantageuse en matière de qualité, plusieurs facteurs sont à considérer. Ces derniers peuvent inclure : la structure du vignoble, le coût de la main-d’œuvre, les conditions météorologiques ou encore la variété des raisins.
Le principal avantage de la machine est son efficacité. En cas de mauvaises conditions météorologiques, cela peut être essentiel en termes de vitesse. Pour certaines variétés de raisins, telles que le sauvignon blanc qui a tendance à passer de la maturité à la sur-maturité trop rapidement, l’utilisation de machines peut en effet être très utile. Il est aussi possible de travailler de nuit, ce qui réduit les coûts et l’énergie qui seraient utilisés pour abaisser la température des raisins avant la fermentation. Cela a donc son avantage puisque cela préserve la fraîcheur des arômes.
De son côté, la vendange manuelle est plus lente et demande plus de temps et d’énergie. En revanche, le choix de ce type de récolte est de plus en plus utilisé. La vendange manuelle permet une sélection beaucoup plus agile et précise des raisins. De plus, le risque d’endommager les vignes est moindre. Dans le cas de vins blancs issus de raisins noirs comme le Champagne, la cueillette manuelle est essentielle afin de minimiser la coloration du jus. Un autre avantage est que la cueillette à la main peut se faire sur tous les terrains et par tous les temps. Dans les régions où les vignobles sont en pente raide, comme la Moselle, le Douro ou la Vallée du Rhône, il n’y a pas d’autre alternative et donc la majorité des vendanges sont manuelles.
La durée des vendanges
Généralement, les vendanges débutent à la fin du mois d’août ou bien au début du mois de septembre et s’étendent généralement jusqu’au début du mois d’octobre. Cette période correspond au stade où les raisins auront atteint leur maturité maximale. Elle est caractérisée non seulement par la teneur en sucre, mais aussi par la maturité phénolique (c’est-à-dire la maturité en tanins qui concerne la couleur et la structure du raisin).
Il ne reste donc plus qu’à attendre la fin des vendanges pour connaître l’ampleur exacte des récoltes 2021. Si les récoltes vont être inévitablement plus faibles, il est cependant aisé de penser que le prix du millésime 2021 sera plus haut que ceux de ses prédécesseurs.
Source : SSP – Agreste Conjoncture n°2021-103.