John Euvrard répond à nos questions
Cavissima : Bonjour John. Vous nous avez expliqué que régulièrement les particuliers vous demandent de venir auditer leur cave ? Pourriez-vous nous en dire plus ?
John : Bonjour Thierry. En effet, je suis régulièrement invité à descendre dans les caves des particuliers. On me demande mon avis sur les vins qui sont conservés et savoir dans quel état ils sont ?
Cavissima : Intéressant. Que constatez-vous ?
John : C’est une épreuve pour moi, un véritable cauchemard. Près de 60% des bouteilles que je découvre sont mortes ! Elles ont dépassées, ce que nous appelons chez Cavissima le Best Before ! Si les vignerons savaient cela, ils seraient fous.: Quelle tristesse !
Cavissima : Impossible ? 60% ? Comment explique-t-on cela ?
John : En fait, au début le consommateur est très excité par sa cave. Il descend régulièrement pour voir ses vins et toucher ses bouteilles. Il tient un livre de cave et fait un inventaire. Puis au fil du temps, ce qui était un plaisir devient une corvée : il faut avouer que c’est assez pénible de tenir son livre de cave. Alors au bout de quelques années la cave n’est plus gérée, et le client ne sait plus ce qu’elle contient réellement. Mais il continue à acheter du vin.
Cavissima : Que trouve-t-on dans ces caves ?
John : C’est souvent la même chose. On trouve des vins de millésimes réputés, des séries et des grandes bouteilles. Je me rends compte à présent que le consommateur achète du vin en fonction du buzz médiatique fait sur le millésime de Bordeaux. Mais surtout que le consommateur achète souvent n’importe quoi pourvu qu’il fasse une bonne affaire. Il a souvent un ami qui lui procure un bon plan. De façon générale, il en achète en quantité plus que nécessaire.
Cavissima : Et les vins ne sont donc jamais consommés ?
John : Non, c’est cela ! En fait l’amateur de vin achète pleins de bouteilles sans savoir réellement quand il va les consommer. Il ne planifie pas sa consommation future. Il les regarde dans sa cave. A un moment donné, il passe du stade de consommateur à celui de collectionneur. Il n’ose plus toucher à certaines bouteilles : elles se sont installées dans sa cave et y restent. Le pire est que c’est surtout le cas des grandes bouteilles.
Cavissima : Que leurs dites vous ?
John : Cela me rend triste. Mon métier est avant tout de mettre en avant le travail des vignerons qui se donnent du mal pour produire un vin toujours au top. Mais c’est trop tard, le mal est fait. D’ailleurs, souvent mes clients le savent quand ils m’appellent. C’est vraiment trop contraignant de gérer une cave. Tout cet argent gâché, tout ce plaisir qui n’a pas été consommé, tout ce patrimoine qui perd de la valeur. Ils m’appellent en fait pour que je trie entre les bonnes et celles qui finiront dans un vinaigrier.
Cavissima : John, selon vous, quel est le pourcentage de vins qui sont bus trop tôt ?
John : Selon mes estimations près de 20% des vins sont bus avant d’arriver en Best After, c’est-à-dire à maturité.
Cavissima : Si je calcule bien, le pourcentage de vins bus dans leur période d’apogée serait de 32% ?
John : C’est certainement situé entre 32 et 50% ! C’est la réalité : gérer une cave est trop compliqué pour un particulier. Voilà pourquoi, j’ai toujours pensé que le concept de Cavissima avait de l’avenir. Le consommateur achète moins de vin, mais sa dépense par bouteille augmente. Il fallait lui trouver un concept adapté pour valoriser son temps, son argent, et lui garantir son plaisir !
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