Entre le « vin de femme », et la « chardonnay girl », la femme dans l’univers du vin est confrontée aux banalités les plus rapides. Le 8 mars est l’occasion de mettre en lumière ces actrices dans un domaine considéré comme très masculin.
Cette année 2019 est donc propice à la discussion du « penser équitablement, bâtir intelligemment pour innover pour le changement ». Cavissima retrace l’évolution de la place des femmes, à table, dans le service ou encore dans les vignobles à l’occasion de la journée du droit des femmes. Qu’elles soient vigneronnes, œnologues, biologistes, restauratrices, toutes participent à la féminisation des métiers du vin.
LES FEMMES ET LE VIN DANS L’HISTOIRE
L’Antiquité et ses divinités nous offrent leur lot de festivités. Bacchus, (ou Dionysos selon les orientations), Dieu du vin et de la fête célèbre volontiers la vie en compagnie de ses bacchantes. Or, si les femmes sont représentées dansant avec le Dieu, elles n’avaient pas le droit de consommer le vin. Le Christianisme semble marquer le début du changement. Marie-Madeleine partage la coupe en compagnie des autres apôtres à l’occasion des noces de Cana. Au fil du temps, le breuvage s’est rendu plus accessible aux femmes. N’a-t-on pas du château d’Issan au mariage d’Aliénor d’Aquitaine ?
Néanmoins, les conventions sont dures, les vignobles sont cultivés par les hommes et leurs femmes seront « les femmes de… ». De la même façon, monsieur goûtera longtemps le vin pour madame, préférant un blanc, lui présumant un palais plus sensible.
On dit souvent que « derrière chaque grand homme se cache une grande femme ». C’est notamment le cas des veuves, qui n’ont pas abandonné leurs domaines à la mort de leur mari. Pensons à la Veuve Clicquot qui développe les activités commerciales de sa maison de Champagne à l’époque où les femmes n’étaient pas encore conviées dans les affaires ! Souvenons-nous de la veuve Pommery qui reprendra les rennes du domaine et perfectionnera les techniques de vieillissement des Champagnes.
Ces femmes ont su marquer l’Histoire. Elles ont donné le courage à d’autres de s’imposer dans cet univers, très masculin, grâce à leur détermination. À ce titre, Philippine de Rothschild (propriétaire du Château Mouton Rothschild, Premier Cru Classé), Jancis Robinson (rédactrice au Financial Times) ou encore Jeanine Cho Lee (rédactrice au Décanter, pour Wine Spectator et master of Wine 2008) s’imposent comme des références. Reconnues dans le monde du vin, ces dernières sont de beaux exemples de réussite qui ont conduit à des changements de mentalité.
LA FEMME, DANS LE VIN, UN HOMME COMME LES AUTRES
Les idées reçues sur la place de la femme dans le milieu du vin sont mises à mal par les statistiques. Qu’il s’agisse de l’envers du décor, ou de la consommation, les femmes s’affirment dans tous les domaines. En effet, si l’on pense qu’elles préfèrent le blanc, les dégustations ont montré aux professionnels que leurs goûts sont aussi variés que ceux des hommes. D’ailleurs, elles auraient même une préférence pour les rouge tanniques. Contrairement à la pensée commune, les femmes ne sont pas moins nombreuses dans les écoles de viticulture. Elles représentent en réalité 50% des promotions (contre 3% en 1975). A partir de 2010, les femmes représentent un tiers des œnologues. Ces chiffres sont toujours en croissance.
Depuis le début des années 2000, un réel renouveau est remarqué dans les professions viticoles. En effet, l’ensemble des métiers tend à se féminiser. À ce titre, les femmes atteignent des postes stratégiques et à responsabilité. À Bordeaux, 28% des vignobles sont dirigés par des femmes. Au-delà des vignes, nombreuses sont celles qui se distinguent. Pascaline Lepeltier, par exemple, philosophe de formation, est la première femme à obtenir en 2006 le prix de meilleure sommelier de France.
Ainsi, en 2019, la pensée dans le vin se fait plus équitable puisqu’il y a un véritable partage des tâches. Les vignerons et vigneronnes bâtissent intelligemment et ensemble la viticulture de demain, dans le respect de chacun. Les professionnelles en parlent différemment mais toujours avec la même passion que leurs pairs masculins. Enfin, l’innovation est au cœur de chaque démarche, qu’elle soit initiée par une femme ou par un homme.
POUR VOUS MESDAMES ET MESSIEURS
Afin de satisfaire les palais des unes et des autres, nous vous avons sélectionné quelques perles.
Sans rougir
- Le Château du Cèdre, cuvée Le cèdre, 2014, accompagnera votre lapin au pruneau à merveille
- Le domaine Fayolle fils & fille, cuvée Les Pontaix, 2015, saura ravir vos papilles en compagnie d’une araignée de bœuf sauce échalote
- Le Vieux Château Certan, 2013, satisfera à coup sûr les plus exigeant(e)s d’entre vous, notamment avec un rôti de bœuf accompagné d’une purée de pomme-de-terre.
On ne fait pas sans blanc
Pour celles et ceux qui préfèrent les vins blancs :
- Le domaine Chidaine, cuvée Le chenin d’ailleurs, 2017, pour accompagner vos apéritifs ou entrées à base de crustacés.
Cavissima vous souhaite une belle journée des femmes !
4 Commentaires. En écrire un nouveau
Excellent article ! Un juste milieu entre connaissance du monde du vin et culture générale. Bref un plaisir.
Article bien charpenté tel certains vins que nous apprécions. L’évolution des mentalités et lente mais heureusement inexorable, la femme prend progressivement possession des savoirs viticoles pour le plus grand plaisir des consommateurs.
Un très bel article, qui en dit long sur l’évolution du rôle de la femme dans le monde Viticole, affaire à suivre ..
J’ai découvert depuis peux un caviste dans le 3e arrondissement qui ne vend que des vins fait par des femmes, j’ai trouvé le concept amusant