Château Haut-Brion 2010 : les belles promesses de ce vin en primeurs
Mercredi 6 Avril 2011, nous franchissons les portes du Château Haut-Brion pour la dégustation des primeurs 2010. Il fait une chaleur de plomb en Pessac Léognan. Deux ravissantes hôtesses sortent de l’ombre pour nous accueillir alors que nous garons la voiture sur le parking proprement ratissé.
Nous sommes introduits dans un salon du deuxième étage – la salle des Marbres. Le décor est somptueux : boiseries, luminaires, porcelaine et grands flacons. Tout respire ici le luxe tranquille, raffinement et élégance. Les fenêtres s’ouvrent sur le vignoble de parts en parts. Nous sommes dans le domaine le plus prestigieux de Pessac Léognan classé 1er Cru dans le classement de 1855.
Le Château Haut-Brion a racheté, il ya quelques années son voisin le Château La Mission Haut-Brion. Une route sépare les deux domaines qui bénéficient du même traitement à la vigne comme à la vinification.
Notre hôte entre quelques instants plus tard, c’est Monsieur Jean Philippe Masclef, œnologue et Maitre de Chai. Nous sommes quatre invités pour cette séance.
7 vins seront dégustés en Primeur 2010, dont :
- La Chapelle de la Mission Haut-Brion, rouge : 27% de Merlot, 47% de Cabernet Sauvignon, 26% de Cabernet Franc
- Le Clarence de Haut-Brion, rouge : 52% de Merlot, 36% de Cabernet Sauvignon, 10% de Cabernet Franc et 2% de Petit Verdot
- Le Château La Mission Haut-Brion, rouge : 37% de Merlot, 62% de Cabernet Sauvignon, 1% de Cabernet Franc
- Le Château Haut-Brion , rouge : 23% de Merlot, 57% de Cabernet Sauvignon, 20% de Cabernet Franc
- La Clarté de Haut-Brion, blanc : 83% de Sémillon, 17% de Sauvignon
- Le Château La Mission Haut-Brion, blanc : 81% de Sémillon, 19% de Sauvignon
- Le Château Haut-Brion, blanc : 46% de Sémillon, 54% de Sauvignon
Je laisserai le soin aux spécialistes de commenter la dégustation, mais tous les vins rouges affichent douceur, fraîcheur, équilibre, minéralité et jolie concentration. Le Haut-Brion exhale des parfums de fruits frais. J’ai eu un coup de cœur pour le Haut-Brion blanc, d’un équilibre parfait entre fraîcheur et acidité et des arômes légers de pamplemousse.
Quels sont les secrets du 2010 ?
En rouge, il s’agit d’un millésime pour lequel nous avons voulu privilégier le Cabernet Sauvignon. Les baies de Cabernet ont été vendangées en pleine maturité phénolique assez tardivement. C’était une bonne nouvelle, car les Merlot ont souffert dès la floraison de pluies (coulure), et les jeunes vignes de la forte sécheresse estivale. La vendange de Merlot était plus faible cette année. Par chance, les Cabernets d’une très belle allure ont pu soutenir le vin par une puissance et une rare élégance. Le millésime 2009 contenait 39% de Merlot sur le grand vin de Haut-Brion contre 23% cette année.
L’une de nos grandes décisions, fut de maintenir une proportion non négligeable de Cabernet Franc. Ce cépage apporte la réserve de fraîcheur et le croquant que vous avez pu remarquer.
Le vin est dans son ensemble légèrement plus riche en alcool (+0,2°C) qu’en 2009, mais pour autant mieux équilibré. Le rapport entre l’acidité et l’alcool est plus favorable sur le millésime 2010, ce qui nous pousse à penser qu’il aura une plus longue garde.
Que se passe-t-il au Château ?
Notre mode de culture est en agriculture raisonnée. Notre chef de culture porte un soin intense aux vignes. Tous les ans, nous replantons 1 ha de vignes sur les 80 ha du domaine. Nos vignes sont par conséquence relativement âgées.
Il y a quelques années, nous avions travaillé sur un programme de sélection clonale destiné à augmenter la concentration des vins. A présent, nous engageons une réflexion et des travaux de recherches pour diminuer la concentration et obtenir un degré d’alcool plus bas. Le réchauffement climatique est réel et nous devons adapter la vigne à ce changement. Nous avons remarqué que la date de vendange n’avait pas un réel impact sur l’acidité de nos vins, le facteur de garde par excellence. Le travail de la vigne ne sera pas suffisant. Il se peut qu’on fasse machine arrière sur les sélections clonales; nous sommes en pleine réflexion.
Comment se protège-t-on de la falsification ?
La falsification n’est pas un réel problème à Haut-Brion. En effet, depuis le millésime 1958, nous avons introduit la forme bien particulière de la bouteille désormais illustre « Château Haut-Brion », et c’est déjà un premier frein à la copie. Cette bouteille est désormais généralisée à tous les contenants. Puis, nous avons introduit le gravage laser, la capsule collée et une étiquette sécurisée en papier spécial. Nous sommes par conséquent les seuls à pouvoir authentifier une bouteille de notre Château.
Comment explique-t-on le style Haut-Brion ?
Le sol, le sous-sol et le climat sont les réponses immédiates de notre interlocuteur. Mais nous avons nos petits secrets. Nous sommes l’un des rares domaines à élever nos vins rouges après les avoir assemblés. Il s’agit d’un pari que nous prenons chaque année. Cela permet aux vins d’avoir une signature propre ! Nous en sommes fiers !
Les vins du Château Haut-Brion ont une conservation remarquable et sont recommandés pour l’investissement.
Connaissez vous les clés pour réussir ?