À la découverte des vignobles

Et si Les Carmes Haut-Brion devenait un Premier Grand Cru Classé ?

En ce début d’avril 2018, j’ai la chance d’être accueilli par Guillaume Pouthier, Directeur du Château Les Carmes Haut-Brion, pour une visite grand format et une dégustation en avant-première du millésime 2017. J’étais très excité de découvrir ce Château si atypique du Bordelais, et comprendre en quoi et pourquoi les vins n’ont cessé de progresser depuis quelques années, notamment depuis le millésime 2013.

L’irrésistible ascension du Château Les Carmes Haut-Brion

En quelques années seulement, Les Carmes Haut-Brion ont rejoint le rang très fermé des 7 meilleurs crus de Pessac-Léognan et pourraient bientôt se rapprocher du top 5 et même du top 3. Pour Guillaume Pouthier, dont c’était le 1er millésime à vinifier au Château, l’excellence du millésime produit en 2013, année pourtant compliquée, s’explique par plusieurs facteurs. Tout d’abord les Cabernets Francs, cépage majoritaire aux « Carmes », sont non seulement plus facile à faire mûrir que les Cabernets Sauvignons, dans une saison où l’ensoleillement est faible, mais en plus, le Château bénéficie d’un terroir de graves extrêmement privilégié pour favoriser un mûrissement précoce de ce cépage. Enfin, le vignoble bénéficie de températures naturellement plus élevées du fait de la proximité de la ville.

Sur le millésime 2017, le critique Jean-Marc Quarin a donné aux Carmes Haut-Brion la note de 97. Il s’agit de la note également attribuée au Château Lafleur, au Château Ausone, au Château Cheval Blanc et à Petrus. Tout comme son frère aîné Haut-Brion, le château n’a connu aucun épisode de gel, mais a été confronté à une pluviométrie importante à partir du 10 septembre 2017. Seulement voilà, à cette date, contrairement à nombre de ses voisins de l’appellation Pessac-Léognan, les raisins étaient déjà rentrés, du fait précisément de la précocité apportée par le terroir et une pratique culturale adaptée.

Une équipe passionnée au service d’une très grande ambition

Pour servir l’ambition insufflée par Patrice Pichet, propriétaire du Château depuis 2010, fût conçu et mis en service en 2015, un chai gravitaire à la fois très moderne et grandement esthétique – création de Philippe Starck. La cuverie fait place à 25 unités disposant de capacités différentes pour permettre de vinifier les micro-parcelles de la vigne du Château (5 ha) et des vignes de Martillac (20 ha) – vignes entrant dans le second vin.

L’élevage se fait pour partie en demi-muids, en grande partie en fût neuf, en partie en amphore produite en terre cuite et en partie en amphore en céramique. La cave d’élevage est une enceinte paisible, une véritable cathédrale pour permettre aux vins de se transformer lentement pendant 24 à 28 mois.

Ici, rien n’est laissé au hasard pour élaborer un vin de très grande garde qui se devra d’offrir le plus d’émotions possibles. Guillaume Pouthier, travailleur infatigable, a été à bonne école, puisqu’il a fait ses armes chez un certain Michel Chapoutier. Il a pu vinifier un très grand nombre de cuvées et de cépages du négociant de Tain l’Hermitage. La biodynamie n’a aucun secret pour lui : le château pratique une agriculture 100% propre depuis 2009.

Ce qui passionne Guillaume Pouthier aux Carmes Haut-Brion, c’est de ne pas vinifier comme les autres. Ici la vendange est vinifiée pour partie en grappe entière (27% pour le 2013, 54% pour le 2016 et 49% pour le 2017) et les clés du succès consistent à adapter le pourcentage de grappes entières en fonction du degré de mûrissement de la rafle, de les superposer avec des baies égrappées et d’intervenir le moins possible tout en immergeant le chapeau de marc. Le vin est obtenu à parts égales en vin de goutte et vin de presse. L’élevage est long en absence totale d’oxygène.

Les Carmes Haut-Brion seront-ils un jour un Premier Grand Cru ?

Bien entendu, l’idée est folle, mais pourrait faire son chemin : Les Carmes Haut-Brion sont déjà un très grand vin sur les millésimes intermédiaires – caractéristique déterminante d’un Premier Grand Cru. L’ambition clairement affichée de Guillaume Pouthier est de faire assurément du Grand Vin un vin d’exception. Le terroir est là puisque les vignes faisaient autrefois intégralement partie du Château Haut-Brion et qu’on retrouve des preuves d’une culture très ancienne du Cabernet Franc à cet endroit. Les sols de graves du Mindel et d’argiles sur calcaire, légèrement en pente, sont parfaitement drainants et bien adaptés aux Merlot et Cabernets. Le sous-sol calcaire permet de réguler la contrainte hydrique nécessaire aux mûrissement des raisins.

Pour faire un vin d’exception, il faudra pouvoir prouver que le vin dispose d’une véritable charpente et d’un potentiel de garde très élevé. C’est bien dans cette direction que les équipes de Guillaume Pouthier affinent chaque année les différents paramètres à la fois à la vigne et au chai pour favoriser le développement d’un grand vin et obtenir ce supplément d’arôme, ce crémeux, ce fruit mûr et cette fraîcheur : travailler une vigne de 5 ha est un avantage indéniable. La grappe entière pourrait-elle être le garant d’une qualité que les grands amateurs recherchent : la signature du terroir, la longueur en bouche supportée par cette fine trame acide, un potentiel de garde interminable et enfin cette finale fraîche et salivante tellement invitante.

La dégustation du Château Les Carmes Haut-Brion 2017

Le vin est sombre et exhale un nez de fruit mûr. L’attaque est franche et fraîche, le vin est souple et les tanins sont imperceptibles. La bouche est à la fois ample et l’on distingue bien à la fois cette trame finement acide et ce fin velouté sur des arômes de fruits noirs et rouges. C’est un moment merveilleux. Le vin est juteux à souhait et la finale est interminable.

Le vin est remarquablement construit et annonce déjà un équilibre parfait entre une matière phénolique bien présente et mûre, une belle acidité (gage de longue garde) et un degré d’alcool modéré. Pour nous, la buvabilité de ce grand vin est exceptionnelle.

Assemblage : 45 % de cabernet franc, 30 % de cabernet sauvignon et 25 % de merlot. Degré d’alcool : 13°3, pH 3.59, Ipt 72 (indice de concentration),

La bonne nouvelle : le rendement de 43 hl/ha est un chiffre record ! Mais attention 3 500 caisses produites et pas une de plus ! Le vin sera disponible en caisse de 3 et 1 bouteille chez Cavissima.com

Thierry Goddet

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1 Commentaire. En écrire un nouveau

  • Pour devenir un 1er grand cru il faudra aussi repasser par la case étiquettage, car depuis 2011 le vin est de plus en plus réussi mais les bouteilles que je sors de mes caisses sont toutes pour la plupart dotées d’un effet sale…pour un top 3 c’est moyen sur une table…

    Répondre

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