Le millésime 2011 ayant fait l’objet de controverses dans les médias, l’équipe de sélection de Cavissima, John Euvrard et Thierry Goddet, s’est rendue à Bordeaux les 5 et 6 avril derniers pour déguster pas moins d’une centaine de Châteaux. Notre attention s’est portée principalement sur les 1er Crus et les Châteaux ayant reçus les notes de 98, 99 et 100 lors de la dernière dégustation de Robert Parker du millésime 2009.
John Euvrard et Thierry Goddet à la dégustation Ducru – Beaucaillou
Analyse de ces dégustation des Bordeaux Primeurs 2011
Une année compliquée ?
L’année 2011 fût une année difficile à gérer dans le vignoble Bordelais. Un hiver assez rigoureux, puis un Printemps magnifique et la vigne avait pris beaucoup d’avance dans son développement végétal à la fin du mois de mai. Puis des chaleurs caniculaires ont littéralement grillé certains raisins après la véraison. L’été fût relativement médiocre en termes de chaleur, et la vendange fût sauvée grâce à un joli mois de septembre. La pluie fit enfin son apparition pour donner au raisin un volume acceptable. Ce millésime se caractérise par une faible pluviométrie.
A Pomerol, des épisodes de grêle sont venus compliquer la situation et dans toutes les appellations, il fallut combattre à plusieurs reprises les attaques d’oïdium et de botrytis.
A qui profite la climatologie ?
La bonne nouvelle concernant 2011, c’est que nous revenons à des niveaux d’alcool plus faible que 2010 et 2009. Nous avons goûté des vins entre 13 et 13,2° dans l’ensemble ayant par ailleurs, une acidité en rapport. De même, les niveaux d’anthocyane étaient assez élevés traduisant ainsi une belle maturité phénolique de la vendange. Le château Labégorce en Margaux, nous fit part d’arômes particulièrement agréables lorsque les baies furent encuvées au chai. 2011 devrait être un millésime avec un bon potentiel de garde comparable aux 2001 ou aux 2006.
Les vins blancs de Bordeaux tirent magnifiquement bien leur épingle du jeu. Les sauvignons ont été récoltés à belle maturité et l’équilibre entre acidité et alcool donne un très beau millésime avec de belles notes aromatiques tant pour les Pessac-Léognan que pour les Sauternes et Barsac. Nous avons notamment été charmés par le Château d’Yquem 2011 et le Smith-Haut-Lafitte 2011.
L’assemblage au secours du millésime ?
La grande chance à Bordeaux est que le maître de Chai dispose souvent de 2 à 4 cépages pour composer sa cuvée de rouge. Les Cabernet-Franc et les Merlot ont été plus faciles à porter à maturité que les Cabernet Sauvignon sur ce millésime. Nous avons noté une certaine hétérogénéité sur les vins et avons préféré les assemblages intégrant une forte proportion de Merlot par rapport au Cabernet Sauvignon, à telle enseigne que certains seconds vins nous ont fortement impressionnés en Médoc : Tourelles de Longueville, Clos du Marquis et Croix de Beaucaillou pour n’en citer que 3.
Ce qui nous a spécialement plu cette année :
– les vins ayant une proportion élevée de Cabernet-Francs : le Château Cheval Blanc, le Château Angelus, le château Figeac, le château Larcis-Ducasse, le Château Smith-Haut-Lafitte et le Château de Fieuzal.
– les vins de Margaux ayant intégré une belle proportion de Petit Verdot ou de Carménère pour relever le caractère austère du Cabernet-Sauvignon : château Brane-Cantenac, Château Labégorce, château Malescot Saint-Exupéry et Château Siran.
– les producteurs ayant mis en place une véritable stratégie de travail du sol avec des passages répétés dans la vigne: Château Cheval Blanc, Château Pontet-Canet, Château La Pointe, Château Smith-Haut-Lafitte. La gestion de l’eau étant cruciale sur ce millésime : il faut remonter loin en arrière pour connaitre une pluviosité aussi faible.
– les producteurs ayant mis en place une stratégie de tri efficace : château Pichon Longueville et Château Grand-Puy Lacoste.
Ce que nous avons moins aimé :
– quelques vins de Pomerol ayant misé sur une extraction plus forte que nécessaire.
– des vins de la rive gauche qui n’ont su ou pu maîtriser leurs Cabernet Sauvignon et ont produit parfois des vins tristes, austères ou sinon astringent.
Notre podium :
– Château Pontet-Canet sort visiblement du lot. « Nous aimons faire du vin qui a du goût » se plait à nous confier Alfred Tesseron. Son vin riant est entré dans une autre dimension.
– Château Cheval Blanc: le 1er exercice avec son tout nouveau chai est une réussite absolue. « Le travail à la vigne est la clé du succès » nous expliquait Pierre Lurton et Pierre-Olivier Clouet, son jeune et passionné directeur technique.
– Château Ducru-Beaucaillou, Château Smith-Haut-Lafitte, Château Clinet, Clos Fourtet, Château Pichon Comtesse, Château Clerc Milon, Château Léoville Poyferré et Château Léoville Las Cases : au sommet de leurs appellations.
Nos coups de cœur :
– Château Siran, château Malescot Saint-Exupéry, château Quinos L’Enclos, château Talbot, château La Pointe et La Croix de Beaucaillou.
Il ne nous reste plus à présent qu’à définir nos achats et réserver nos allocations. Cavissima va doubler cette année le nombre de références et multiplier par dix ses réservations. Quelques petites modifications sur notre boutique primeurs devraient vous permettre d’acheter plus facilement vos Bordeaux 2011 préférés.