C’est à Bédarrides, à proximité de la commune de Châteauneuf du Pape que se tient le siège de la famille. Daniel Brunier, quatrième génération nous accueille pour nous présenter son domaine et le célébrissime Vieux Télégraphe – emblème phare du domaine.
Vieux Télégraphe : un domaine en pleine ascension
Car sous l’impulsion des fils d’Henri, Daniel et Frédéric, tous deux présidant à la destinée du domaine, l’entreprise a connu de réels changements ces 20 dernières années. Au vignoble du Vieux Télégraphe (70 ha), se sont ajoutés le domaine de la Roquète en 1988, dont 25 ha en appellation Châteauneuf et 14 ha en vin de pays dénommé Le Pigeoulet. En 1998, la famille rachète Les Pallières en Gigondas (25 ha) et prend une participation dans la création d’un vignoble de toute pièce de 50 ha au Liban, à Massaya. Il s’agit de vignes répartis principalement dans le Nord Est de la plaine de la Bekaa.
Le Grenache est le cépage clé de la famille Brunier, mais appellation Châteauneuf oblige, de nombreux autres cépages sont plantés : la Syrah, le Mourvèdre, le Cinsault, la Marsanne, la Roussane, le Bourboulenc, etc.
Les chais de stockage du vin ont été réaménagés à Bédarrides en 2007, et ont fait l’objet d’une splendide construction à 7 mètres sous terre. Une ventilation forcée permet d’obtenir l’hygrométrie désirée pour conserver les vins dans les meilleures conditions de stockage. Ici, le souci constant est d’avoir un vin de garde précis, dont les années n’altéreront pas la fraicheur.
En 2011, c’est la cuverie qui fait l’objet d’une modernisation. Différents changements seront apportés notamment à l’encuvaison gravitaire pour éviter d’endommager le raisin et sa grappe.
Les vins du domaine sont vendus dans le monde entier et l’export représente 80% du chiffre d’affaire de la société.
La philosophie et le style Brunier
Lorsque l’on visite les chais, on est frappé par la simplicité, le dépouillement, l’élégance, la force tranquille (excusez l’expression), et le souci du détail. Le style Brunier transpire la modestie, la rigueur, le panache, l’intelligence, le contrôle des processus et une énorme volonté de mieux faire au service de la qualité. Ici la maison fait des bouteilles pour être tirées et finies !
Dans un coin du chai, on nous montre les bouteilles de vieux millésimes qui correspondent à des expérimentations : du 100% grenache par exemple.
Le mode de culture est « raisonnée » et j’aimerai plutôt dire réfléchi et durable. Une équipe de 25 personnes sont chaque jour dans la vigne pour soigner le jardin armés de pioches, sécateurs, cisailles, etc. Il s’agit d’obtenir des raisins sains à belle maturité. Toutes les opérations sont manuelles, nous explique Daniel Brunier. C’est ici que cela commence : chaque pied de vigne est propre et demande un soin précis. Il faut tailler, ébourgeonner, vendanger en vert, effeuiller, traiter, etc. Les traitements sont méthodiques et l’emploi de substances fortement contrôlé. On se refuse à un traitement bio car l’élimination du cuivre en excès serait trop difficile à opérer. La gestion de l’eau est une préoccupation : ici, il nous faut 500 ml par an. Nos vignes sont remarquablement drainées et la rétention d’eau en couche superficielle est excellente. S’il ne pleut pas l’été, ce n’est pas un souci. En revanche, nous avons une gestion de l’eau de lavage qui est draconienne.
La vinification et l’élevage sont des opérations dans lesquelles nous souhaitons être le moins interventionniste possible. « Au moins on en fait dans la cave, au mieux le vin est fait». Nous estimons que pour conserver leur fraîcheur, nos vins doivent pouvoir être le moins manipulé possible : ici pas de filtrage ni collage. L’élevage se fait 24 mois pour chacun de nos vins. Nous ne faisons qu’un seule mise en bouteille et cela dure 30 jours. Le vin est un produit de terroir !
Le réchauffement climatique n’est pas un souci au domaine. La vigne s’adapte : « nous avons la chance d’être sur de beaux terroirs et d’avoir de vieilles vignes. Le système racinaire est profond et les plantes souffrent peu de sécheresse relative que l’on peut observer. Nous adaptons le système de culture pour aider la vigne à se protéger ».
Sur le Gigondas
Cherchant à comprendre ce qui a poussé la famille Brunier à faire l’acquisition du domaine Les Pallières, on nous explique que le Gigondas est une appellation plus difficile à vinifier que le Châteauneuf du Pape. Le Gigondas souffre d’une réputation de vins austères et rustiques. Nous avons la chance d’avoir des parcelles exposées plein Nord et en légère altitude. Nos vignes sont de 70 ans pour Les Racines et de 40 ans pour les Terrasses du Diable. Nos méthodes de vinification sont les mêmes que pour nos Châteauneuf du Pape. A la dégustation, nous avons le plaisir de découvrir un vin aux tannins étonnamment fins, racés et d’une belle complexité en bouche. C’est un très beau vin de garde aux notes épicées.
La dégustation
Nous avons eu la chance de déguster toute la palette des vins du domaine dans les millésimes récents. Le souvenir des Vieux Télégraphe blancs et rouges sont encore inscrits dans nos papilles. La dégustation du millésime 2000 du Vieux Télégraphe rouge fût un moment d’exception : arrivé juste en maturité, ce vin dispose encore de belles années de garde possible. Le nez est puissant et persistant. Les arômes de chocolat noir et de griottes compotées se mêlent. La complexité de ce vin se révélera avec les âges. Amateur de vin de garde – vous êtes avertis !