Bandol, l’accent prestigieux de Provence
Qui ne connait pas le Bandol ? C’est le rosé roi de l’été et des vacances. Ce vin que certains domaines prestigieux comme OTT ou le Château de Pibarnon ont rendu célèbre au-delà de nos frontières. Le Bandol, c’est une appellation de 1,500 ha dans la région Provence. L’organisation syndicale locale est très active pour protéger les intérêts des quelques 56 producteurs locaux, imposer des normes strictes et les inciter à élever la qualité du vin. Ici, le Mourvèdre est le cépage dominant sur cette appellation ; celui-ci doit rentrer dans 50% minimum des cuvées de Rosé ou de Rouge. Le rosé représente 80% de la production des vins de Bandol. Les rouges sont généralement des vins de longue garde grâce aux sous-sols du Crétacés, ère secondaire à dominance calcaire.
Le domaine emblématique de Terrebrune
Le domaine de Terrebrune (30 ha) est situé sur une anomalie géologique, puisque les sous-sols sont issus de très vieux calcaires de l’ère tertiaire, le Trias (idem au Château Petrus – Pomerol). Les roches en décomposition forment un socle idéal pour la vigne : elles retiennent merveilleusement bien l’humidité et laissent les racines s’enfoncer profondément jusqu’à 6 mètres. Par endroit, on trouve des traces d’oxyde de fer. L’argile du sol constitue un complément idéal pour la culture des mourvèdres, cinsault et grenache. Ce terroir permet la production d’un vin d’une grande finesse dont la trame tannique est souvent moins forte que celle des Bandol rouges typiques.
Ce domaine situé à Ollioules, produit majoritairement du vin rouge (80% de la production du domaine). C’est un vin rouge de garde par excellence, avec un potentiel de vieillissement exceptionnel. Le mourvèdre entre pour 85% dans la composition du vin. Le Bandol est finalement l’appellation reine du vin de Mourvèdre.
Monsieur Delille nous emmène visiter ses vignes et nous explique comment le Mourvèdre est un cépage complexe à cultiver, cépage à maturité tardive, délicat, capricieux et particulièrement sensible aux maladies de la vigne (mildiou et oïdium). Il réclame de l’humidité mais s’accommode de sécheresse estivale, de l’ensoleillement mais aussi de la fraicheur, etc. Ici les vignes regardent la mer, distante à moins de 4 kilomètres et ouvertes par une trouée, que le Mistral emprunte pour ventiler et sécher la plante. Ce mistral qui sèche les vignes de l’air marin et permet d’éviter justement les attaques de Mildiou.
A Terrebrune, on consacre la majorité des efforts à la vigne : « Il nous faut une matière première de haute qualité. La reconversion biologique a été réalisée assez tôt et le domaine en est pionnier dans l’appellation. Ce n’est pas chose facile », nous confie le patron des lieux : « il faut constamment surveiller la vigne, mais nous avons gagné en longueur et en finesse. Je cherche à faire des vins dans lesquels s’expriment le terroir. Cela passe par le respect du sol : nous faisons les labours à la main de sorte que les matières organiques soient les plus riches possibles ».
« La qualité passe par un contrôle des rendements que nous fixons entre 38 et 40 hl par ha. Nous pratiquons régulièrement les vendanges en vert sur chacun des cépages ».
S’agissant du réchauffement climatique, Monsieur Delille admet qu’il faut s’adapter, mais que globalement c’est un facteur favorable pour le Mourvèdre qui demande une relative chaleur en fin de saison, pour offrir un potentiel phénolique le plus élevé possible.
Car le domaine est spécialisé dans le vin de garde : l’élevage de 18 mois en foudre consiste en une lente micro-oxygénation. L’oxygène fourni par le bois est cette fois-ci nécessaire pour fixer les matières colorantes et les tanins dans le vin.
La dégustation des vins du domaine
Domaine de Terrebrune Blanc est un assemblage de clairette (50%), Ugni et Bourboulenc. Produit à hauteur de 10 000 bouteilles par an, c’est un vin de moyenne garde, parfaitement adapté pour les poissons grillés.
Le Domaine de Terrebrune Rouge dégusté dans les millésimes 2007, 2006, 2004 et 1994.
Le Domaine de Terrebrune Rosé dégusté dans les millésimes 2008 et 1997 (arômes de pain d’épice et de caramel au lait). Une sacré surprise. Voir la vidéo
Le domaine accueille les visiteurs sur visite. Un petit restaurant attenant au domaine vous permettra de déguster ces vins de gastronomie de la meilleure façon possible.
Delille à Bandol, quelle longueur !