Ce magnifique 3ème Grand Cru Classé de l’appellation Saint-Estèphe, a changé de propriétaire fin 2012. Anciennement administrée par Denise Gasqueton, le Château Calon-Ségur n’aura pas confirmé une succession au sein de cette vieille famille Bordelaise, propriétaire depuis 1894. Mais il y a fort à parier que le nouvel actionnaire institutionnel l’assureur Suravenir (filiale du Crédit Mutuel Arkéa) met aujourd’hui en place une cure de jouvence qui devrait de nouveau faire pencher le cœur des amateurs vers la belle endormie.
Une histoire d’amour
Au XVIIIème siècle, le marquis Nicolas-Alexandre de Ségur, Président du Parlement de Bordeaux et également propriétaire de Lafite et de Latour, acquiert par son mariage, le Château de Calon. Il déclarera bientôt : « Je fais du vin à Lafite et à Latour mais mon cœur est à Calon ». (CQFD : Le cœur sur l’habillage de la bouteille)
Dans le temps, la propriété a produit des vins qui ont acquis la réputation d’être parmi les plus corsés de l’appellation. Certains grands millésimes ont produit des vins d’anthologie comme le 1990 qui pourra émouvoir les amateurs jusqu’en 2030 ou encore les magnifiques 95 et 96 et plus récemment le 2000.
Vincent Millet qui a grandi à l’école du Château Margaux avait rejoint Calon-Ségur en 2006 et signa un splendide 2007 en augmentant la proportion de cabernet sauvignon dans l’assemblage (60% en 2006, 75% en 2007 puis 85% en 2008) en allongeant les durées d’élevage et en poursuivant la politique de replantation du vignoble à 10 000 pieds/ha au lieu de 5 000 pieds, favorisant la compétition entre chaque pied de vigne et amenant ainsi plus de concentration.
A l’occasion de la campagne des Primeurs 2013, notre visite à la propriété nous a permis de constater le niveau d’ambition qui est porté par le nouveau gérant, Laurent Dufau, ancien directeur général de la maison de négoce Ballande & Méneret portant ainsi de nombreux projets de rénovation. Parmi ceux-ci figurent : les bureaux (accueil des invités et des clients), la vigne (la restructuration du vignoble sera finalisée en 2028), le chai (avec un nouveau cuvier pensé pour mieux travailler le parcellaire et conçu pour privilégier les techniques gravitaires) et enfin une splendide salle de dégustation. L’objectif déclaré est de « retrouver le prestige et le lustre d’antan…Celui du XIXème siècle. Pour cela nous souhaitons améliorer la régularité qualitative pour chaque millésime à venir, et affirmer la signature Calon » nous précisait Laurent Dufau.
La belle réveillée dépassera t-elle un jour son rival Château Montrose qui a également conduit d’importants travaux de rénovation et qui accueillait son 2013 dans un chai flambant neuf ?
De fait, la dégustation du millésime 2013 se révèle l’une des plus séduisante que nous ayons eue sur plus d’une centaine de vins dégustés lors de cette campagne. A l’instar de l’ensemble du Médoc, renforcement du cabernet dans l’assemblage (75% cabernet sauvignon et 17% de cabernet franc pour seulement 6% de merlot) Un très beau jus sans notes végétales (que l’on pourrait trouver dans certains cabernets sauvignons vendangés en sous maturité) avec de la finesse et de l’élégance.
Est-ce le terroir – qui est celui contenant le plus d’argile aux fonctions de régulation hydrique- qui a permis de réguler les 230 jours de pluies cumulées sur l’année ? Est-ce que ce sont les nerfs de l’équipe en place qui ont été les plus solides pour attendre quelques jours de plus avant de vendanger et atteindre davantage de maturité ?
Pour Michel Bettane célèbre critique et éditeur du guide éponyme : « A Saint-Estèphe, Calon-Ségur est le plus inoubliable. C’est selon moi un des meilleurs 2013 du Médoc. »
Bref, une propriété coup de cœur à suivre…Et à mettre en cave.