Comment un tel succès avec une telle météo ?
Après avoir passé deux journées entières à déguster les Bordeaux Primeurs 2013, force est de constater que ce millésime 2013 est pour le moins surprenant. Comment les Châteaux ont-ils pu réaliser en 2013 un vin de belle facture, quand on sait les conditions météorologiques difficiles ? Voici la question que nous avons sans cesse posé aux différentes équipes rencontrées au Château Pavie, Château La Confession, Château La Pointe, Château Calon-Ségur, Château Palmer et Château Ducru-Beaucaillou.
Les millésimes maudits
Tout d’abord rappelons que la pluviométrie enregistrée en 2013 aura été de 230 jours contre une moyenne de 120 jours ! C’est juste énorme. Le déficit de soleil aura été proportionnel. A cela s’ajoute un septembre médiocre avec des nuits chaudes et des épisodes de pluie favorisant la menace du botrytis. La météo rappelle sans aucun doute des millésimes pourris comme 1972 ou 1992. Les vins étaient acides, sans concentration, sans tannins : imbuvables !
Qualifions d’abord les vins du millésime 2013 : ils sont sur le fruit, léger, plaisant, sans trop de concentration, joliment colorés, d’un tannin soyeux. Ce seront des vins de petite garde qu’il faudra assurément consommer avant les 2009 et 2010. Côté qualitatif, ils vont venir s’intercaler entre le 2006 et le 2008.
Comment la crise dans les vignes a été gérée
Partout, nous avons entendu les mêmes discours : il fallait aller dans la vigne, travailler les sols, prévenir les maladies, effeuiller, vendanger en vert, etc. Le fait est que pour la troisième année consécutive les conditions météos sont mauvaises : les Châteaux sont à présent rodés à la gestion de crise et sont capables au pied levé de décider rapidement et de mettre en place des équipes pour réagir.
De la même façon la gestion des vendanges aura été déterminante : il fallait mobiliser très rapidement de grandes équipes pour ramasser rapidement dès que le signal était donné. Et là encore, pour la troisième année consécutive, le tri des baies allait permettre de ne retenir que les fruits mûrs. Les grands Châteaux sont à présent équipés de machine à tri optique qu’ils savent faire fonctionner.
Le travail très précis de la vinification : en douceur
A la vinification, contrairement aux pratiques des années 2000, où la concentration était recherchée, les maitres de chai ont procédé à des extractions lentes et douces. Le soyeux a été recherché au détriment de la concentration. Les presses, de plus en plus précises, sont adaptées pour faire un travail de précision.
Enfin les cuveries modernes sont adaptées pour vinifier en parcellaire, ce qui permet d’isoler le plus possibles les lots et ne retenir dans le Grand Vin que les qualités supérieures.
Le résultat est donc incroyable. La qualité se fait au prix d’une gestion toujours plus affinée des process et des détails. La technologie, l’observation, la mobilisation d’équipes permettent de gérer au mieux les caprices de la nature. Les coûts de productions sont élevés en 2013, mais c’est le prix à payer pour réaliser un joli vin.