La campagne Primeurs 2017 de Bordeaux s’approche à grands pas et c’est le moment de faire les comptes sur le volume qui sera mis en vente par les Châteaux. Faisons ensemble le tour des appellations de Bordeaux pour analyser la situation et mesurer les conséquences du gel printanier de 2017.
Des quantités en baisse
La météo du millésime 2017 a été capricieuse. À la suite d’un hiver et un printemps relativement doux, Bordeaux a subi le pire épisode de gel depuis 1991 fin avril. En réalité ce sont deux épisodes de gel qui se sont succédé, la première gelée le 20 avril puis 3 nuits consécutives à partir du 27 avril. De nombreuses pertes étaient déjà à déplorer mais fin août un terrible orage de grêle s’abat sur le secteur des Graves et de Cadillac.
Il est important de rappeler maintenant que certaines appellations ou certains secteurs n’ont pas du tout été touchés par ces épisodes désastreux. En effet, certaines appellations ont des rendements très élevés voire supérieurs à 2016.
Quels volumes pour 2017
La déclaration de vendanges annonce une baisse globale de 40% par rapport à 2016 sur l’ensemble du bordelais, soit 300 millions de bouteilles en moins sur le marché ! Notez cependant que 2016 bénéficiait d’une récolte généreuse. Si nous comparons ces chiffres par rapport à la moyenne des 10 dernières années alors la baisse est de 33%.
Hélas, la baisse impacte avant tout les « petits châteaux » : ce sont eux les plus touchés. A l’inverse les grands Châteaux, les 1ers Grands Crus Classés, connus pour être sur des terroirs d’exception, n’ont pas été impactés. 80% des 150 plus grands châteaux bordelais ont effectué une très belle vendange 2017 !
Les appellations Pauillac, Saint-Estèphe et Saint-Julien ont même bénéficié d’une récolte identique ou plus importante qu’en 2016 !
La Rive Droite de Bordeaux a beaucoup souffert et les chiffres de production de Saint-Emilion et Pomerol sont effrayants. Encore une fois, les châteaux les plus prestigieux se trouvant en légère altitude sur les côteaux ont évité le pire.
Rendement 2017 (hectolitres par hectare) par appellation
2016 | 2017 | Evolution | |
---|---|---|---|
Saint-Estèphe | 50,5 | 49,7 | -2% |
Pauillac | 44,9 | 46,2 | 3% |
Saint-Julien | 46,0 | 44,3 | -4% |
Margaux | 49,4 | 32,3 | -35% |
Pessac Léognan | 45,4 | 30,6 | -33% |
Saint-Emilion GC | 46,2 | 21,7 | -53% |
Pomerol | 44,4 | 23,9 | -46% |
Source : @GavinQuinney,Douane/CIVB, Liv-ex Insights
Une forte disparité
Au sein même d’une appellation, une forte disparité existe. A Margaux, les vignes plantées au-dessous de 17 mètres d’altitude ont systématiquement été touchées. Les terroirs plus nobles de Palmer, Margaux, Rauzan-Ségla et Brane-Cantenac n’ont pratiquement pas été touchés. A Saint-Julien, les meilleurs terroirs ont donné un rendement exceptionnel (Léovile Poyferré, Beychevelle) ; en revanche le secteur de Lagrange, proche du Haut-Médoc a été décimé de 50% en moyenne et plus particulièrement de 70% pour Les Fiefs de Lagrange. Idem à Saint-Emilion où les grands terroirs ont faiblement été touché sauf à Figeac ; par contre les terroirs de coteaux et de plaine ont nettement souffert. A Pessac-Léognan, le gel aura touché les terroirs selon l’altitude et selon l’éloignement : Fieuzal, Carbonnieux et Olivier ont souffert tandis que Pape-Clément, Haut-Bailly et Smith ont été moins impacté.
A la lumière de ces chiffres il est évident que certains châteaux seront plus difficiles à obtenir sur ce millésime 2017. Certains châteaux ont déjà annoncé ne pas produire de grand vin en 2017 comme le Château Climens qui a récolté 2 hl/ha ou encore le Château Fieuzal à Pessac-Léognan. D’autres ont fait le choix d’une production réduite comme La Fleur Cardinale à Saint-Emilion qui ne sortira que des magnums (1000 magnums uniquement) !
L’inconnue reste pour le moment le positionnement prix. Les châteaux vont-ils maintenir, augmenter ou baisser leurs prix de vente pour ce millésime ? Rendez-vous dans quelques semaines pour le savoir.