La biodynamie séduit de plus en plus de viticulteurs et de consommateurs. Cavissima veut soutenir et participer, à son échelle, au développement de la biodynamie dans la viticulture. Nous sommes amateurs de ces vins authentiques, respectueux de leur environnement et à l’image de leur terroir.
Il y a quelques semaines nous avons donné une partie de notre chiffre d’affaires réalisé pendant le Black Friday au Mouvement de l’Agriculture Bio-Dynamique. Soazig Cornu, chargée de la formation et coordinatrice des activités au sein de l’association répond à nos questions.
Quelles sont les principales missions de l’association ? Quel projet vous tient particulièrement à cœur en ce moment ?
Le Mouvement d’Agriculture Bio-Dynamique a pour mission le développement de la biodynamie au sens large. Nous travaillons pour permettre sa connaissance et sa pratique dans les domaines agricoles comme dans les jardins, pour qu’elle soit mieux connue et reconnue. Cela se traduit par des actions de formation, la production de préparations biodynamiques, l’édition d’un calendrier des semis et de livres, des actions de représentation, etc.
En ce moment, avec tout un réseau de professionnels de la biodynamie, nous accompagnons de nombreux producteurs sur le terrain, dans leurs vignes et dans leurs champs, pour faciliter leur passage à la Biodynamie. Nous cherchons à créer des liens durables et locaux avec les producteurs. Cela permet une évolution rapide des pratiques dans de bonnes conditions.
Dans quelle(s) direction(s) faites vous des recherches avec la Biodynamie ?
Au niveau international, bon nombre de recherches sont menées ces dernières années. Le premier travail à réaliser est de permettre que leurs résultats soient connus ! C’est notre association partenaire « Biodynamie Recherche » qui réalise ce travail de veille scientifique concernant les travaux et publications en agriculture biodynamique au niveau international. Elle réalise des synthèses, des traductions et des articles qui sont mis à disposition du public francophone sur son site internet et dans des revues spécialisées.
On reproche souvent l’utilisation de cuivre dans la démarche en Biodynamie, qu’en est-il ?
Le cuivre n’est pas plus utilisé en biodynamie qu’en conventionnel (où il n’est juste pas comptabilisé de la même manière car mêlé à d’autres produits). A faibles doses, le cuivre n’est pas nocif. C’est un élément de la nature, mais il faut toutefois veiller à limiter les doses employées. Les vignerons en Biodynamie peuvent réduire les doses de cuivre utilisées grâce à : la gestion de la vigueur, l’utilisation précise de certaines tisanes (osier, bourdaine, reine des prés), de décoctions (prêle, écorce de chêne) et à l’utilisation des préparations biodynamiques (silice).
La biodynamie est-elle une solution à l’ESCA ?
L’esca est une des maladies les plus anciennes de la vigne. Elle est due à des champignons parasites qui se développent sur les plaies de la vigne suite à la taille par exemple. Le champignon se développe et se répand dans le cep rendant le bois friable et non productif.
Il est utile d’avoir une approche globale pour prévenir et limiter des problèmes comme l’esca.
Cela démarre dès le choix du porte-greffe, la qualité de la greffe et donc de la circulation de la sève, la maîtrise de la vigueur les premières années, le choix d’une taille respectant les flux de sève. Par ailleurs, un environnement de la vigne équilibré limitera le développement des champignons. En cela, les pratiques biodynamiques favorisent les défenses naturelles de la vigne face aux maladies et sa résilience face aux excès du climat.
En dehors de la biodynamie, des solutions curatives existent. Le curetage et le recépage font partie d’une « viticulture de bon sens » qui s’inscrit dans une démarche durable.
Quelle mission/action réalisée vous a rendue la plus fière ?
J’organise depuis de nombreuses années un congrès annuel de viticulture biodynamique. J’aime beaucoup rencontrer des vignerons quelques années après leur participation. Ils me racontent comment leurs pratiques ont évolué suite à des interventions et des rencontres lors de ces évènements. C’est satisfaisant car c’est l’objectif de notre métier : permettre à des vignerons d’évoluer dans leurs pratiques et d’élargir leur regard, partager les innovations et progresser en réseau.
Est-ce que vous ressentez un engouement grandissant de la part des producteurs ? De la part des consommateurs ?
Oui ! La progression de la certification en Biodynamie est de plus de 10% par an, et beaucoup de producteurs (vignerons, maraîchers, céréaliers, etc.) s’intéressent et se forment à la Biodynamie. Malheureusement, les vignes en biodynamie représentent encore moins de 2% de l’ensemble du vignoble français (soit 12 000 ha). Nous avons encore une belle marge de progression !
Du côté des consommateurs, il y a vraiment de plus en plus de personnes sensibilisées qui aspirent à consommer des produits sains, à la fois pour leur santé et pour la planète. Cela va dans la bonne direction.
Il est urgent pour le climat (et donc pour l’avenir de la planète et de l’humanité) que cet engouement s’accélère et soit soutenu plus largement.
Le Covid a-t-il été un frein ou une opportunité pour l’association et la Biodynamie ?
Comme beaucoup, nous avons subi et nous subissons encore une limitation de nos activités. En revanche, de plus en plus de viticulteurs et de consommateurs viennent vers nous.
Cette période accélère les remises en question et les prises de conscience. Notre relation à la nature, au vivant et au monde sauvage est à repenser ; avec la limitation des transports et la réduction de notre mobilité, la nature a mieux respiré ; beaucoup de personnes se sont réappropriées leur environnement direct, leur paysage, leur jardin ; elles ont saisi l’importance d’avoir des producteurs locaux et ont repris en main leur alimentation en cuisinant à nouveau ; etc. Les actes doivent suivre et s’installer dans la durée.
Le mouvement biodynamique souhaite participer activement à la métamorphose sociétale urgente et indispensable de notre lien à la nature et au vivant en général. Très concrètement, pour que des vins nous fassent vibrer, les vignes dont ils sont issus ont besoin d’un sol plein de vie, d’oiseaux et d’insectes, de plantes compagnes et bien sûr de vignerons et vigneronnes accomplis et sereins. De la qualité à tous les niveaux.
Quel plaisir d’échanger avec des personnes passionnées et convaincues par la Biodynamie. Nous remercions Soazig Cornu d’avoir répondu à nos questions et d’avoir relaté l’action de la MABD. Chaque dégustation d’un vin en biodynamie est synonyme d’émotions, de rencontres et de plaisir pour l’équipe de Cavissima. Découvrez nos producteurs en Biodynamie sur notre site de vente en ligne.