En plus d’être un produit de consommation et une valeur d’investissement, le vin peut être une valeur refuge en temps de crise. En effet, au cours des 25 dernières années, différentes études basées sur un nombre important de données, permettent aux analystes d’avoir un certain recul sur la résilience de l’investissement dans le vin face aux crises. Les indices montrent à la fois une décorrélation avec les marchés financiers et une faible volatilité. Les crises ont ainsi un effet très atténué sur le marché des grands vins.
Pourquoi les grands vins peuvent être des valeurs refuges ?
Trois raisons structurelles permettent aux grands vins de voir leur valeur plus protégée que d’autres actifs en période de crise.
1. Le déséquilibre entre l’offre et la demande
Premièrement, il existe un déséquilibre entre l’offre et la demande. Indépendamment des crises, la demande mondiale est en croissance constante pour les Grands Crus, avec de plus en plus d’amateurs avertis. On observe également une corrélation directe entre le nombre croissant de millionnaires situés dans les pays émergents (notamment les pays asiatiques) et la demande sur ces produits de luxe. En parallèle, l’offre devient de plus en plus limitée, les terroirs très qualitatifs sont rares et soumis à des aléas climatiques pouvant réduire la production.
2. La grande capillarité de la distribution mondiale
Deuxièmement, la distribution ne se réalise pas uniquement par des échanges entre professionnels. La distribution est réalisée à destination d’un client final, particulier et consommateur. On observe ainsi une grande capillarité de la distribution mondiale avec des acteurs très dispersés et peu sensibles aux effets de manche. Autrement dit, les autres données comme la qualité d’un millésime, sa rareté ou l’entrée dans la phase d’apogée d’un vin sont bien plus significatives pour les acteurs de ce marché que les cours de la bourse.
3. Le vin est un produit de consommation
Troisièmement, le dernier paramètre à prendre en compte est la consommation. Avant tout, le vin est un produit agricole et sa consommation réduit l’offre disponible au fil du temps. Singulièrement, pendant la crise du Covid-19, la consommation des grands vins a été importante. Cet évènement a eu un fort effet sur les échanges, avec de très belles valorisations sur les vins de millésimes décalés. Ainsi, la consommation a un effet d’amortisseur et d’accélérateur de valorisation.
Les cours du vin sont-ils moins volatiles que d’autres marchés en période de crise ?
Cette notion de volatilité est un premier paramètre important à prendre en compte pour investir dans le vin en période de crise. En effet, la volatilité des Grands Crus est d’environ 5 %, soit 6 fois moins que le marché des actions. La deuxième notion importante dans cette analyse est la corrélation. Il existe une corrélation positive entre la valeur des grands vins et les marchés financiers, néanmoins celle-ci est très faible, 3 fois plus faible que l’or par exemple.
Quels sont les constats sur les dernières crises financières ?
Source : Liv-Ex
En analysant la crise des subprimes entre 2007 et 2008, le Liv-Ex 1000 avait baissé ponctuellement de 9 % quand le marché des actions avait reculé de 35 %. Quelques mois plus tard, un rebond très rapide est observé, suivi par un cycle de croissance important.
En observant, le krach boursier de 2011, la valeur des actifs vin était au plus haut et n’a pas été impactée par cette crise de la dette.
Concernant la crise Covid-19, elle n’a pas eu d’impact direct sur les cours des vins, contrairement au Brexit ou la taxe Trump. Cette crise a suivi une année 2021 exceptionnelle en termes de valorisation.
Source : Liv-Ex
En 2022, la guerre en Ukraine affecte assez peu, voire pas du tout, les cours du vin pour le moment. L’analyse de cette crise géopolitique montre un effet de stabilisation et non de recul. En effet, l’indice Liv-Ex Fine Wine 1000 était au plus haut au 30 avril, même si la hausse ininterrompue depuis 20 mois a été légèrement ralentie.